Et cette seconde phase ouvre sur des perspectives de liberté infinie ! On regarde les gens, on veut leur parler, leur raconter notre vie, et écouter leur histoire, on veut imaginer leur histoire, et on se heurte aux barrières linguistiques... C'est dans ces moments là qu'on sais soudain parler le langage des signes. voyage à l'italienne... ça se fait dans le monde entier. Cette phase dure très longtemps. Et elle dure en fonction des gens et de leurs expériences. On arrive à destination, on découvre émerveillé, on apprend à vivre... techniques locales. Laver sa vaisselle dans la piscine... boire l'eau des gouttières, lire éclairé à la bougie, tout ça au 21ème siècle... oui ça s'apprend. On apprend à s'intégrer. On raconte notre vie, et on écoute celle des autres. C'est une phase passionnante, très enrichissante, ça oui ! on apprend tellement de chose... le maitre mot reste "découverte"... et puis on commence à fermer les yeux. troisième phase approche. "heimweh".
Cette troisième phase laisse la perspective de liberté devant les yeux... mais les yeux fermé, cela ne sert à rien. On en a assez. On veut revoir sa famille, ses amis, sa chambre, la pluie et le mauvais temps nous manque, les sorties à paris, jusqu'au simple fait de conduire une voiture. Cette phase est une phase à trous. Qui s'efface à chaque conversations sur internet, à chaque coups de fils. Ce n'est pas la phase la moins bien. En un sens, elle fait partie de l'intégration. Cette phase durant laquelle on ne fait plus vraiment d'efforts pour parler avec les gens. Se sont les gens alors qui viennent parler. Je n'ai connu cette phase que sur quelques heures en fait. Quelques heures par-ci, quelques heures par-là. Tout dépend des gens et de l'expérience.
Et alors vient la quatrième phase. Celle ou on se réjouit de rentrer. On souris, on regarde les gens pour la dernière fois. On place un peu de nostalgie dans nos discours "peut-être que l'on se reverra". C'est le retour des "qui sais", et on retrouve aussi quelques "au cas où". Mais la valise est déjà faite. Elle est toujours faite. On retire quelque chose de la valise... pour l'y remettre mieux. On ajoute quelques gris-gris, les souvenirs sont dans la tête. Tous frais. Certains pourtant déjà fripés, mais on ne s'en soucie pas. Pas encore.
Et débute le voyage de retour avec la cinquième phase. On organise son retour : prendre le bus, il ne faut pas se tromper, il faut prévoir à l'avance, trouver le bon terminal, trouver la porte d'embarquement, monter dans l'avion, et tout le reste se fait tout seul. On reste assis à penser. On pense alors à ce qu'on viens de vivre, et puis à ce qu'on va encore ivre. On se demande quel sera le prochain voyage. Et puis on se réjouit de rentrer. Les heures défilent, et chaque seconde nous rapproche de "heimat". Les mots défilent en anglais dans la tête, mais le français n'est pas loin, et l'allemand non plus. Il suffit d'un peu d'entrainement. Une phrase dans une langue, une seconde dans une autre, et une troisième, et une quatrième, et puis on reprend l'anglais, et c'est un exercice de jonglerie, ou on fait tomber des mots par terre au lieu de faire tomber des balles. Il suffit alors de les ramasser, et puis tout revient.
Et voilà. Le voyage est terminé. On retrouve sa famille, ses parents, ses frères et soeurs, on retrouve ses amis, on retrouve sa voiture, sa chambre, son ordinateur, on retrouve son pays et ses habitudes... Et c'est là qu'on s'aperçoit qu'on a déjà oublié ! C'est lorsque l'on raconte que l'on prend conscience... Les souvenirs de se que l'on a vécu sont intactes, mais se sont les sentiments qui manquent à l'appel. "Mais qu'ai-je donc ressenti lorsque les maoris ont chanté pour moi ? Probablement un mélange de fierté et d'admiration... oui. Mais ce mot "probablement" est de trop. Bien trop incertain à mon goût (et puis trop long dans tout les cas). J'attends de recevoir mon carnet que j'ai oublié sur place pour redécouvrir mon voyage à travers ce sixième sens. Parce que les photos ne suffisent pas.
En parlant de photo, c'est quelque chose que je peux toujours partager. Alors en voici quelques-unes.
Le lac de Roptorua le jour où j'ai le plus marché en Nouvelle-Zélande.
Sinon, je voulais ajouter que je suis surpris par moi-même. Parce que j'ai retrouvé mon allemand très rapidement. Alors que les mes parents d'accueil durant mon expérience en Allemagne sont passé deux jours à la maison, j'ai réussi à retrouvé mon vocabulaire allemand assez rapidement, et je ne sortais que rarement des mots anglais ans m'y attendre. Donc j'suis fier de moi. Voilà c'est tout.